Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Une Mélodie perdue
21 décembre 2023

Lecture souffrante (ou délivrante?)

IMG_20231221_134710 (1)

Je suis plongée dans l'introspection psychologiques depuis au moins 3 années; mais depuis toujours je sens la spiritualité comme la seule science de l'Homme. Je lis de plus en plus sur les Mythes et leur essentielle capacité à nous façonner, à construire ou modifier les sociétés en bâtissant des croyances collectives.

"Je sais que l'homme qui tient au mythe contemporain du "grand remplacement" n'aura que faire de mes statistiques sociologiques sur l'immigration, de mes arguments scientifiques ou de mes calculs Mathématiques; il sera convaincu que ce qu'il croît est vrai. Car il y croît. Il ne voit que ce qu'il croît. L'enseignement des cultes, des mythes et de l'Anthropologie évite bien des conflits, éveille à la Tolérance et serait une grande aide d'enseignement à la compassion dans les écoles primaires. Croire que les lumières, les sciences, la raison, nous ont débarassés de ces vieilleries antédiluviennes est une erreur. Les mythes ne sont pas là pour expliquer des vérités sur le monde mais pour lui donner du sens. Ce n'est pas un hasard si les sciences qui ont le plus de sucès médatiques sont celles qui nous parlent des origines, commes les mythes : l'astronomie, l'astrophysique, la Préhistoire... Les savants qui parlent à la radio et à la Télé ont prit la place des conteurs d'antan"                                                                                  (JEAN LOIC LE QUELLEC, Anthropologue; dans "GEO n°537)

Avant de céder à l'introspection j'étais passionnée de sociologie, de politique, de macro économie, mais là encore, ma curiosité de savoir ce qu'il se passe ailleurs m'a amené vers quelques textes sur les systèmes d'échanges de matériaux et de services dans les autres sociétés humaines (en parallèle, je développais mes réflexions autour de l'Antispécisme). Cela m'a conduite à de longues réflexions sur la violence (et ses différents degrés : abbatoir vs caillou dans la vitrine de boucherie) et sa justification dans les autres sociétés humaines, via ses explications dans les mythes (ex : je viole mon petit fils pour le sortir du monde des femmes). Et de là, ma capacité à juger l'autre a été très fortement ébranlé. Je ne savais plus ce qu'était l'éthique ou la morale. Je n'avais plus aucune certitude et échelle de valeur. Je ne pouvais plus justifier mes retranchements ou me complaire dans des discours extrêmes. Alors je n'avais plus qu'à m'intéressait à moi xD. Et à la psychologie "universelle". Oui. La science de l'être humain : la spiritualité. Je suis tombée dans l'introspection, alors que ma vraie quête était le sentiment de foi. Car perdue dans mes questionnements de nature : "qui suis-je?", je me suis complètement fermée à l'autre, sans arriver à sortir de cette manière de penser. Et bien l'Anthropologie et la Spiritualité vienne m'extirper de ça en  bouleversant mes croyances au-delà de ce que j'ai appris jusque là. Aller au-delà du traitement des traumatismes (individuels et sociétaux) et commencer à vivre, faire confiance, ne plus avoir peur d'aimer, assumer ma tendresse sans faille et poursuivre ma vie en pleine conscience de ma finitude.

Voici un extrait de ce précieux livre, trouvé dans ma médiathèque de quartier [je n'ai lu que la premier chapitre, je me sens profondément touchée]

"La société qu'on a appelée de consommation est dangereuse pour l'âme, pour la liberté, parce qu'elle nie ou étouffe le désir, l'espérance, parce qu'elle a réponse à tout, remède à tout, parce que l'idée de manque la terrifie. C'est pourquoi elle refuse la fragilité, la vieillesse, le nomadisme et la précarité, l'inquiétude, le trouble et l'insomnie, c'est pourquoi ses citoyens veulent du bonheur, de l'argent, de la sécurité. Au temps de la florissante et fière Athènes, Socrate le va-nu-pieds houspillait ses contemporains, leur rappelant que les exploits militaires, les ambitions politiques, les richesses et la beauté des corps étaient de peu d'importance mais que la vertu qu'exige le souci de l'âme était première, qu'elle conduisait à l'immortalité. Plus aucune place accordé à la soif, à l'attente, à la quête : Il faut manger tout de suite, combler les manques et les vides, profiter de la vie. Les issues sont soigneusement bouchées.

Lévitique 19,18 : "tu aimeras ton prochain comme toi-même". C'est pourquoi le remède est fourni par ce commandement d'un nouveau genre : "aime-toi", et le remède circule du cabinet du psychothérapeute au coach en développement personnel. Ainsi pour bien profiter de la vie, pour bénéficier d'une santé sans problèmes et pour s'épanouir tout à son aise, il faut s'aimer soi-même. On mesure l'effondrement de la dignité humaine, la chute spectaculaire accomplie en peu de temps. De la connaissance de soi qui affranchit des entraves temporelles et individuelles, on est tombé dans l'amour de soi qui est enfermement, indifférence à l'autre ou utilisation d'autrui.

La blessure sauve l'Homme de toutes les tentatives d'asservissement que représente le besoin compulsif de tranquilliser son existence et d'abord sa pensée. L'homme blessé, en marche, se voit exposé à toutes les rencontres, à d'autres déchirures. Il se retrouve libre et seul, immensément fragile, à l'abri de rien parce qu'en quête de tout. La blessure rappelle la précieuse précarité de l'être humain, la fragilité cristalline de l'âme immortelle qui requiert tous nos soins. Loin d'être signe de déperdition, d'affaiblissement, loin d'être une atteinte à la bonne santé, la blessure est d'abord réponse à la fermeture, appel d'air. Vouloir guérir de tout est une des façons de se maintenir en prison, une des modalités de la "servitude volontaire". Parce que chacun préfère son petit moi, même piteux, même souffreteux, plutôt que l'attention à autrui. Du reste, la plupart des personnes se rendent chez un thérapeute moins pour éclairer un problème et s'en libérer que pour parler d'elles encore, pour geindre, être comprises et rassurées. Dès qu'un individu sort de l'égocentrisme, il devient extrêmement vulnérable. Cette fragiliité est sa richesse mais tout d'abord elle le surprend, le gêne, et il cherche à la cacher. Le vieil homme rode encore qui a peur de souffrir en aimant, qui préfère garder de toute émotion, qui croit "gérer" ses sentiments et tient à "faire le deuil" d'une relation. j'appelle fragilité la capacité à être touché. Ce n'est pas le contraire de la force mais de l'insensibilité. Celui qui a connu l'écharde dans la chair, celui qu'une blessure a atteint se sent à jamais vulnérable, ouvert à tous les possibles. L'éveil de la sensibilité connaît divers degré qui correspondent à l'ouverture du coeur en meme temps qu'à l'abandon du moi : empathie, pitié, altruisme, miséricorde, compassion, jusqu'à l'offrande et au sacrifice de soi; Le plus haut degré peut être représenté par un coeur qui saigne, tel celui du christ : imagine non d'une épouvantable souffrance mais d'une fontaine de grâce, d'un ruissellement d'amour. Et chacun est appelé à cette vaste blessure, à cette démesure d'amour.

Lorsque socrate reprend la devise inscrite au fronton du temple de Delphes : "connais toi toi-même", il n'encourage nullement à l'introspection psychologique, il montre que se connaître soi-même est une exploration qui ouvre le petit moi à ses dimensions cosmique et divines... "et tu connaîtras l'univers et les dieux" Socrate :"ma seule affaire est d'aller et de venir pour vous persuader, jeunes et vieux, de n'avoir point pour votre corps et pour votre fortune de souci supérieur ou égal à celui que vous devez avoir concernant la façon de rendre votre âme la meilleure possible." Jusqu'à sa mort Socrate insistera sur un seul point : "il faut prendre soin de son âme" (pratiquer la vertu)."

["divine blessure - faut-il guérir de tout?" Jacqueline Kelen]

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité