Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Une Mélodie perdue
1 décembre 2022

Mes nouveaux supers pouvoirs

IMG_20221130_094305

Cela faisait longtemps que j'étais fâchée avec la course à pied. Ca a toujours été une corvée. 1km ou 2km max me suffisait pour m'essoufler. Je dénigrais la course à pied et me réfugier dans des excuses un peu minables qui pouvaient dans le meme coup me donner l'impression de me remettre en valeur. Telle que : "je m'y ennuie je ne trouve pas cela intéressant. Je préfère de loin faire des exercices qui vont à la fois recruter mes muscles et mon cardio parce que ça me semble plus pertinent" gnagnagna... Et je me perdais dans des explications semi scientifiques qui étaient sensées noyer mon inconfort et soigner mon égo en même temps. Ces réactions m'étaient surtout l'autre dans une situation d'incommodité où il pouvait sentir ses choix jugés et dépréciés. Je regrette toutes les fois où j'ai pu faire cela et je me sens triste pour "mon moi d'autrefois" en pensant à cette attitude de contre attaque qui l'a désservie. La course à pied c'était un de ces sujets où j'avais l'impression que tout le monde réussissait sauf moi. Mais le 23 juillet 2022, j'ai commencé une randonnée, et quand je suis rentrée le 17 septembre, tout avait changé. Mentalement déjà j'étais bien mieux et ma perception de l'autre s'était modifié. J'y voyais plus clair et avait appris à ne pas juger. J'ai pu constaté l'état d'esprit de ceux qui m'entouraient et lorsque je suis rentrée c'est comme si je les voyais tels qu'ils étaient, j'avais fait sauté quelques filtres et insécurités. Je pouvais me rendre compte de ce que j'attendais de moi-même à travers eux. En revanche physiquement, ça n'était pas la grande forme. A la fin du premier mois de marche, je n'avais plus d'ampoules mais la sensation d'avoir des minis fractures dans les pied car ils craquaient tout le temps. Quand je suis rentrée, ma kinésithérapeute m'a demandé : "mais, tu as fais des pauses?". Non je n'ai pas fais de pause. Lorsque j'y étais, je marchais du levé au couché du soleil. Elle m'a dit :"OK, là c'est comme si tu avais couru un marathon. Je te recommande donc beaucoup de repos et une bonne hydratation." Je suis rentrée attendre patiemment que mes pieds se remettent sans faire de fitness qui ciblé les jambes ou du cardio intensif. Je n'ai fais que marcher (sans sac à dos de 15 kg c'est déjà une forme de repos) et un peu de renforcement buste. 1 mois et demi après mon arrivée, entièrement remise, je décide d'aller faire un fractionné en plein air. Je m'en vais donc courir en sprint quelques mètres, puis m'arrête, attrape mon élastique entrelacait à mon poignet, fais un exercice et repars en sprint. Pour mes exercices, j'alternais les jambes, le dos et les pompes sur murets (des maisons des voisins). Schéma : Sprint / 1 exo / Sprint / 1 Exo / Sprint / 1 exo etc. Et ce durant 45 minutes. Puis je repartais de mon point d'arrivée en course lente durant 2 km. Un jour après quelques semaines de ce type d'entraînement, je me lance le défi de courir 5 kilomètres, j'y arrive. Quelques jours plus tard, j'essaie 8 km (sans grande conviction de réussite). Et puis un spot que j'aime bien été un peu plus loin je me dis :"bon... On tente d'y aller" finalement j'ai fais 10 km sans douleur, sans difficultés respiratoires. Quelques jours passent et un matin  je me dis "bon... Y a un bled pas loin, je vais essayer d'y aller (et de revenir) par cette route, j'en ai pour 12 km". J'enfile ma tenue de sport aux têtes de mort roses et je pars courir. Je reviens 1h30 plus tard sans douleur, sans problèmes respiratoires rien. Je me dis :"oh mais d'où me vient cette facilité pour la course à pied tout d'un coup? Ai-je débloqué un gêne restait en sommeil jusque là?" Je n'en revenais pas. C'était tout de même extraordinnaire de passer de : "j'aime pas courir. Je m'épuise. Je m'ennuie. C'est nul et toi aussi alors arrête de me saoulait avec ça!" à "Alors... checkons la météo pour voir si celle-ci me permettrait d'aller faire mon p'tit running de 2h." De ce même bled, je décide 3 jours plus tard d'y retourner mais par une autre route. Ce qui me rallongeait l'histoire de 4 km. je me retrouvais donc à 16 km (c'était dimanche  - on est mercredi). Je rentre cette fois-ci par contre avec quelques douleurs dans les mollets et les jambes mais toujours rien d'alertant. Je sentais que je pouvais continuer encore un peu. Ce jour-là je suis parti à 9h15 et je suis rentrée vers 11h. Je commençais à regarder mes temps de courses et à faire attention à varier mes foulées. Il me tardais de retourner courir pour voir si je pouvais aller encore un peu plus loin. Cette fois-ci, je visais le village encore d'après, celui où j'ai vécu un super souvenir. J'avais envie de revisiter ce lieu par mes propres moyens physiques. Ce matin à 8h, en regardant la météo je vois que je le temps est couvert mais qu'il ne devait pas pleuvoir de la journée. J'enfile ma tenue de sport, je met mes chaussures et je pars à 8h08 dans le brouillard. Le temps de me chauffer, la bruine arrivait... Avec mon petit pull Crop Top et mon short blanc à l'énorme tête de loup bleue je n'avais pas chaud. J'avais vaguement étudié mon itinéraire mais sans grande attention. Je me suis perdue. Plusieurs fois GoogleMaps a voulu m'envoyer dans la boue, et plusieurs fois je l'ai suivi... dans la boue. Me disant : "bah? Orf... Y a peut être un sentier de randonnée caché derrière ?" NO ! J'ai mouillé mes chaussures c'est tout ce que j'ai fais ! Et je rageais en même temps que je courais. Et puis il continuait à bruiner, je me suis dis :"bon. L'objectif a changé. On ne vise plus simplement d'aller à ce village et d'en revenir. Mais là, on vise à ne pas s'arrêter de courir pour ne pas attraper la grippe." Ca a calmé mes humeurs et j'ai trouvé une route correcte qui pouvait me mener à mon Graal. J'hésitais quelques secondes au croisement quand même  :"est-ce vraiment raisonnable de poursuivre par ce froid et mes vêtements devenus humides ?" Et puis... J'y suis allée. Je me suis dis : "Mélodie ! Tu t'es levée ce matin avec un objectif ! Tu n'as mal nul part encore ! T'as vu la tronche que t'as ? - Tu t'en fous ! Et puis ça pourrait toujours être pire ! il pourrait se mettre à pleuvoir vraiment ! Et ça pourrait aussi être la guerre ! Tu pourrais avoir un cancer, le paludisme, manquer d'eau potable ! Tomber vraiment amoureuse et avoir l'incongrue idée de faire un bébé ! (haha)." J'ai repensé à ce que Goggins (que j'adore) disait dans ses interviews : "Je cours pour le jour où on va m'appeler à 2h du matin pour me dire : Ta mère est morte. Je ne m'entraîne pas  pour une course, je m'entraîne pour la vie ! Je cours pour endurcir mon esprit, j'entraine mon esprit pour les épreuves que la vie me réserve." Et voilà. Ca m'a appaisé; je me suis dis :"ok j'ai de la chance d'être là enfait... De pouvoir faire ce que je veux, d'expérimenter mes capacités, de sortir dehors sans courir de danger, de n'avoir aucun proche malade ou mourrant et de n'avoir à m'occuper de rien d'autre que de moi." Donc aujourd'hui, j'ai couru 22 km et demi (sûrement plus, du fait que je me sois perdue xD). J'ai couru un semi marathon et je n'en reviens pas. Mais je suis rentrée avec des douleurs partout et les 4 derniers kilomètres ont été compliqués. J'ai dû hacker mon esprit et le "faire avancer au carambar". Une stratégie yper efficace pour lutter contre l'abandon d'un projet.

Rétroaction spatiotemporelle attention c'est parti, accrochez-vous pour l'aventure : Quand j'étais petite, nous sommes aller faire une petite promenade de 10 kilomètres sur une voie verte avec la famille et des amis. On était en Bourgogne et j'avais une dizaine d'années. Ce jour-là il faisait très chaud et le soleil tappait fort (je me demande si ça n'était pas durant la canicule de 2003). Complètement inconscients qu'ils étaient, les adultes qui m'accompagnaient n'avaient pas prit de bouteille d'eau. On était en plein mois de juillet, on se cramé la peau sans châpeau ni casquette, et la seule chose qu'ils avaient penser à embarquer, c'était une poche de carambars qui fondaient au soleil ! Et je me souviens que lorsque je commençais à m'affaisser sur le chemin, l'un d'eux prenait de l'avance pour me passer devant, sortait un carambar coulant de sa poche et me le secouer au loin pour m'appataît. Cette technique marchait plutôt bien. Je suis rentrée à la maison assoiffée mais gavée de carambars. Depuis dans cette famille, on utilise cette expression : "faire avancer quelqu'un au carambar".

Enfin bref j'en reviens à ma course. J'ai donc dû me faire avancer en hackant mon cerveau. J'ai alors adopté cette stratégie qui a toujours fonctionné pour moi et dont j'ai pu conscientisé l'efficacité durant ma randonnée. Je me disais : "allez, jusqu'au poteau là en face, tu cours sur le bout du pied et en montant légèrement tes genoux." arriver au poteau, si je pouvais encore continuer ainsi, je me fixer un second objectif visible : "allez t'as encore du jus mainteant tu vas jusqu'à l'arroseur agricole toujours sur la pointe du pied." Je ne me fixais pas un troisième objectif pour la même foulée car j'aurais risquer que mon cerveau se rende compte de ce que je voulais lui éviter d'accepter (qu'il restait encore 40 minutes de course). Arrivée donc au second objectif je me disais : "OK maintenant Mélodie, tu vas courir sur le milieu du pied jusqu'à la maison carrée!" puis arrivée à la maison carrée :"OK le milieu du pied commence à chauffer mais tu peux encore tenir jusqu'au pylone Rhodon là-bas!" arrivée au pylone hop je changeais encore de foulée: "Allez, maintenant tu vas attaquer ton pas par le talon et monter ceux-ci un peu plus derrière toi. Comme ça tu vas en profiter pour faire bruler fessiers/isquios et c'est pas du luxe quand on voit tes frêles cuisses de grenouilles ! Et accélère le rythme tant que tu y es ! Parce que de toute façon t'es bientôt arrivée. Allez ! Tu vas jusqu'à l'endroit où tu as vu le chevreuil passé tout à l'heure!" etc etc. Et c'est comme ça que je suis rentrée, sans grippe et avec fierté. J'ai des douleurs partout mais c'est la même sensation qu'après une bonne séance jambes de musculation. C'est d'ailleurs étonnant puisque ce n'est pas dutout le meme type d'entraînement. Je ne sais que penser de ce que j'ai fais aujourd'hui, j'espère juste que ce n'est pas terminé. Les chercheurs disent qu"à partir de 30 ans, notre forme physique globale commence à décliner" Mais personnellement je pense que qu'importe où nous en sommes dans la vie, il y a toujours terrain de progrès. J'en suis absolument convaincue. Mais pour l'instant c'est facile de le dire, je n'ai jamais connue le déclin, la sensation de ressentir en ma chaire que "ce n'est plus comme avant", "avant je récupérais plus vite, avant je poussais tellement de kilos, avant j'allais si vite, avant je m'essouflais moins..." Je sais qu'il est encore possible de faire mieux dans chaque domaine que j'ai exploré car si j'ai envie d'y retourner, je reprendrais casiment de là où je suis partie ! Sans me comparer aux autres, je ne recherche qu'à être meilleure que mon moi de la veille. Mais y a bien un jour, où ce raisonnement va coincé. Car en réalité je ne fais que progresser pour l'instant : dans ma tête, dans ma vie, dans mon corps. Alors je ne connais pas l'avenir, ni  comment je vais réagir à la vieillesse, mais je suis ravie de savoir que je fais tout aujourd'hui pour m'accomplir ici et maintenant, avec les capacités que je possède ici et maintenant et qui sont les miennes. J'espère garder cet état d'esprit qu'importe l'âge et les circonstances. J'ai vu une vidéo de la chaîne "Just Helena" qui s'appelle "j'ai 35 ans" et qui m'a beaucoup touché. Elle décrit la vie comme l'ascension de l'Everest, je vous la conseille. Donc quand j'aurais 80 ans et que je ne serais pas loin de cette fameuse et splendide vue tant attendue sur mes rêves accomplis et mon chemin biscornu mais unique, je serais toujours dans mes capacités de l'instant. Et quand je prendrais le temps de faire ma traction lestée de 50 kilos je me dirais : "aaah... fut une époque ou je pouvais soulever le poids de deux dromadaires sans problème et avec un seul bras ! Et aujourd'hui ce n'est le poids que d'une Ariana grande mais j'ai quand même tant de chance d'être là... Entourée de ces si beaux et fringuants jeunes hommes de 65 ans... Regardez moi ce joli derrière, j'y planterais bien mon dentier". Hum pardon je digresse. J'espère alors que de ce sommet, quand j'aurais le souffle coupait de cette vue imprenable sur mon chemin, j'apprendrais encore à lâcher prise et à apprécier ce que je suis capable de faire en mes capacités de l'ici et de maintenant.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité